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10 février 1860 - 8 octobre 1936 peintre, sculpteur, graveur, poète et romancier marseillais après le lycée thiers et l'ecole des beaux-arts de marseille, dont il deviendra plus tard un éminent professeur, il est reçu à l'ecole nationale des beaux-arts. a paris, il se lie avec paul arène, raoul gineste (dr adolphe augier), jules boissière, maurice faure et collabore à la revue félibréenne fondée par paul mariéton. il travaille avec puvis de chavannes et rodin. est surtout connu comme aquafortiste. son oeuvre gravé comprend environ 300 planches. a marseille, dans les années 1920-1930 rien ne se fait dans le domaine des arts sans qu'il ne soit consulté. il siége dans les jurys de tous les concours et expositions. il assume la charge de capoulié du félibrige de 1909 à 1919. valère collabore à toutes les publications provençales de son époque, soit avec des poésies, soit avec de la prose: l'aioli, armana prouvençau, armana marsihés, l'araire. il fonde le journal zou! avec louis astruc, autre poète marseillais et, pendant son capoulierat, le journal l'estello. a écrit la plupart de ses oeuvres littéraires en langue d'oc, graphie mistralienne. valère marius bernard peintre, sculpteur, graveur, poète et romancier marseillais « je travaille et étudie tant que je puis et je vous promets qu'un jour viendra où, pour sûr, mon nom ne sera pas le dernier. » (. lettre à ses parents - paris, 21 mai 1883) naquit à marseille le 10 février 1860 d'une famille avignonnaise établie dans cette ville quelques années auparavant. il devait y mourir le 8 octobre 1936, beaucoup plus chargé d'ans et d'honneurs que de richesses. sa devise se trouve dans l envoi de la préface des ballades dairain : « prince lamour dóu grand me meno; « ma devise es : sèmpre plus aut ! « ma voulounta ! res lentameno : « siéu testard e siéu prouvençau ! » ses études poursuivies au lycée de marseille, pas plus que ses débuts à l'ecole des beaux-arts, ne laissaient prévoir en rien le destin hors série qui allait le placer parmi les hommes illustres de provence : peintre, sculpteur, graveur, poète et romancier de langue provençale, artiste aux multiples dons, une sorte de michel-ange, possédant comme lui la diversité des talents en même temps que la puissance et la fougue. il parviendra toutefois - car n'est pas l'homme d'une seule inspiration - à fondre cette impulsion avec l'académisme serein et clair de puvis de chavannes pour synthétiser un art personnel qui surprendra et déroutera parfois. doué d'une vive sensibilité, va vivre durant une époque où les courants les plus divers vont se manifester et même s'affronter. le romantisme est encore influent, et pourtant le naturalisme est déjà esquissé, qui connaîtra son plein essor avec zola; apparaissent le symbolisme, i'impressionnisme, qui auront une influence sur l'âme de . le spleen et l'idéal chers à baudelaire, les réminiscences d'un jérôme bosch l'imprégneront aussi très certainement, ce qui l'amènera à ne pas ignorer la tourbe humaine, à se pencher sur elle et à se retourner pourtant vers une spiritualité sans tâche. il utilisera ses multiples dons à rechercher par quels moyens il va pouvoir exprimer ce qu'il ressent, comment parvenir à dégager l'âme pure de la matière infecte. c'est le rêveur éveillé, qui lui vaut le surnom de lou pantaiaire. ne nous étonnons donc pas des différentes factures qu'il adoptera aussi bien dans le domaine littéraire que dans le pictural ou le graphique : c'est tourmenté et plein d'humanité. valère fait son apprentissage chez mosnier. le peintre johanny rave, alors professeur à l'ecole des beaux-arts de marseille, lui confia l'exécution des lithographies du gàngui, de fortuné chailan. c'est en travaillant à ces lithos que bernard découvrit sa vocation littéraire en s'essayant à écrire quelques vers provençaux. son professeur s'en aperçut et, loin de le décourager, le présenta au félibre-majoral victor lieutaud, conservateur de la bibliothèque municipale, qui, le premier, lui révéla le félibrige en l'introduisant à l'escolo dei felibre de la mar en 1879. trois ans après, est reçu à i'ecole des beaux-arts de paris. il entre dans l'atelier de cabanel. mais, en dehors de l'ecole, il travaille aussi avec puvis de chavannes qui, bien que ne voulant pas former des élèves, le prendra en affection dès qu'il aura eu connaissance de ses dessins et ne lui ménagera pas ses conseils. a paris, fréquente les félibres. il se lie avec paul arène, le docteur adolphe augier, dit raoul gineste, jules boissière, maurice faure, etc., et collabore à la revue félibréenne fondée par paul mariéton. c'est en 1883, pendant ce séjour à paris, qu'il publie ses premiers vers en une plaquette intitulée : li balado d'aram (les ballades d'airain), suivie d'une seconde en 1884 : li cadarau (les charniers), poésies qui furent fort bien accueillies et qui seront insérées plus tard dans le recueil de poésies l'aubre en flour (l'arbre en fleur). en 1884, revient s'installer dans sa ville natale où va commencer cette vie de production intense dans tous les domaines de l'art et de la littérature. la gravure à l'eau-forte l'amène, en 1895, chez félicien rops, peintre et graveur réaliste, sinon libertin, dont il connaissait déjà l'uvre, qu'il appellera son maître toute sa vie au même titre que rembrandt, goya et puvis de chavannes. la même année, il expose guerro (guerre) dans une salle du journal le petit marseillais, ensuite à paris au salon de la plume, ia revue du mouvement symboliste : c'est une série de 15 gravures, illustrant un poème en provençal, dans laquelle il stigmatise les horreurs d'une guerre à l'échelle du monde. ces gravures atteignent les sommets de l'art par un réalisme atroce ressemblant à celui de goya. ce n'est plus l'art académique d'un callot, c'est un art tourmenté comme le sont ces égorgements absurdes qu'il a voulu flétrir. en 1894, le bavard, journal marseillais, avait publié, en langue provençale, dialecte marseillais, son roman bagatóuni (1) , qui, traduit par paul souchon, fut réédité en 1902 et en 1931: c'est une histoire qui se passe, non dans le peuple industrieux, mais dans la populace, dans ces vieux quartiers (aujourd'hui détruits) de filles, de souteneurs, de mendiants professionnels et de ratés. dans ce livre, se tient, dans l'échelle humaine, plus bas que victor gélu qui, lui, a peint les humbles. il peint les hors-la-loi, les déclassés, ceux dont la société ne veut plus, parfois parce qu'ils n'ont pas voulu d'elle. pour les peindre, sa plume se fait acérée et âpre comme le burin ou l'eau-forte. la pauriho (la pauvraille), recueil de 51 poèmes en dialecte marseillais, rehaussé de 11 belles gravures, qui paraîtra en 1899, est de la même veine, et mistral, i'idéaliste, s'étonne, dans sa préface, de la tristesse et de la noirceur du sujet. en effet, à la page 146 de la pauriho, écrit : es un groün, un pourridié : c'est un couvain, c'est une pourriture : e, coumo job sus soun fumié, et, comme job sur son fumier, es l'umanita qu'agounié. c'est l'humanité qui agonise. es uno mar que mounto, mounto, c'est une mer qui monte, monte, em'uno forço que rèn dounto, avec une force que rien ne dompte, nous carrejant toutei leis ounto. nous charriant toutes les hontes. en même temps, peint de grandes toiles et des tableaux de chevalet. il expose, chaque année, à la société nationale des beaux-arts et dans de nombreuses autres galeries. ses grandes toiles : la vigne, la femme au griffon, le lierre, l'ame des ruines, etc., sont très remarquées. a la demande de frédéric mistral, il compose pour la mairie de maillane, sur grande toile, un sujet qui symbolise la provence, la farandole, dont les personnages de premier plan sont de grandeur nature. outre la gravure, il s'essaiera également à la sculpture en dehors de tout enseignement officiel. d'un séjour à naples, où est allé peindre sur place des aquarelles destinées à l'illustration du roman d'eugène montfort, la chanson de naples, en 1908, n